Les pratiques de conception pédagogique (CP) dans l’enseignement supérieur, bien qu’essentielles pour relever les défis éducatifs actuels (Goodyear, 2015), demeurent insuffisamment étudiées (Bennett et al., 2017). Pourtant, leur reconceptualisation s’avère nécessaire pour recentrer la conception sur l’apprentissage (Henri et al., 2007) et en faire une ingénierie pédagogique non prescriptive (Peraya et Peltier, 2020). Ces orientations convergent avec les principes du design, dont les fondements théoriques sont considérés comme un cadre conceptuel prometteur pour le renouvellement des pratiques de CP (Laurillard, 2012 ; Hulin, 2018). Toutefois, l’épistémologie singulière du design, caractérisée par des modes de raisonnement spécifiques (Cross, 2006) et la « réflexion dans l’action » (Schön, 1983), reste largement sous-explorée en sciences de l’éducation. Cette recherche, menée dans une perspective interdisciplinaire, propose une synthèse théorique mettant en évidence les mécanismes par lesquels la connaissance est justifiée et validée dans l’acte de conception en design. Elle vise à approfondir la compréhension de l’épistémologie du design pour élaborer un cadre théorique transposable aux pratiques de CP afin de les interroger et de les renouveler. Ce travail, fondé sur une analyse conceptuelle et relationnelle d’un corpus de dix textes théoriques sélectionnés, expose les fondements épistémologiques de la pensée design et leurs implications pour l’innovation pédagogique dans le supérieur.