Dans L’Encyclopédie critique du genre, Aurore Le Mat (Le Mat, 2016) témoigne de la difficulté pour l’école française, dont l’hétéronormativité évoquée par Gabrielle Richard pourrait être le nœud (Richard, 2019), à traiter de l’éducation à la sexualité. Pour l’Enseignement Catholique sous contrat d’association avec l’État, cette éducation revêt une dimension anthropologique, ancrée dans le religieux. Dans ce contexte, il invite les écoles à une « Éducation Affective Relationnelle et Sexuelle » (E.A.R.S.) et tend à invisibiliser les orientations sexuelles et les identités de genre minoritaires, comme le montre le document guide "L’E.A.R.S dans les établissements catholiques" (SGEC, 2015) qui invite à lutter contre l’homophobie tout en réaffirmant le dogme et réfute toute approche constructiviste du genre. Nous montrerons comment une approche catholique du rapport à la sexualité participe de l’invisibilisation et de la stigmatisation (Goffman, 1975) des LGBT. Des verbatims de membres de communautés éducatives catholiques sur l’EAS et les LGBT mis en discussion avec des récits de vie de jeunes adultes scolarisés dans le secondaire catholique illustreront le delta entre intentions éducatives de l’institution et perception de celles-ci par des usagers, posant la nécessité d’une prise en compte adaptée pour la réussite scolaire et leur construction personnelle.